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sans être pourtant à assonnances. Pour donner une idée de leurs formes et de leur harmonie, nous ferons une citation très-courte et très-connue :

Jan koranz y to dansan,
Jan koranz y to dansan,
Veie li mirâk di cist effan
K’est né d’inn pucèle ;
Koranz y J’henn, koranz y J’han,
Koranz y donc bâcèle.

Sour Maroïe vinez avou,
Sour Maroïe vinez avou ;
I fait si s’pai ki ja paou
Ki no n’seanz drombeie :
Noz iran amon m’fré Ernou
Ki no moene al valeie, etc.

Le véritable Liégeois est essentiellement ami des contes : c’est une autre source de traditions, et il met dans ses narrations des saillies vives et métaphoriques. Les contes que l’on narrait à la veillée (il n’y a plus de veillées à Liége depuis une vingtaine d’années), les contes, disons-nous, que l’on narrait ainsi en hiver, et dans les belles soirées de l’été sur les seuils des portes, commençaient ordinairement de cette manière : C’esteu ’n feie…, tout comme ceux de Perrault, qui, nous en sommes sûr, nous est redevable de cet exorde. La fin en était annoncée par un geste expressif du conteur, accompagné de ces mots dits d’une voix chantante et pourtant sentencieuse : Mak so l’ soû, volà l’ Fâve foû ! À Liège, les contes portent le nom de fâve. Ils sont un vrai trésor de souvenirs antiques. Esope n’y a que faire.

Si les contes ne se font plus ni en wallon ni dans les rues, en revanche il est une sorte de danse véritablement