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croire que les manuscrits qui les contenaient ont été détruits dans les troubles presque continuels du pays. Pendant un certain espace de temps, il n’en est pas même fait mention, et pour retrouver la poésie, nous sommes obligé de descendre brusquement à la fin du XIVe siècle, afin de pouvoir citer Jean d’Outremeuse. Mais déjà, ce n’est plus là la chanson proprement dite.

D’autres monuments de la langue wallonne, antérieurs à cette époque, sont encore vivants dans la mémoire des habitants de la campagne. Les anciens chants wallons s’y transmettent d’âge en âge, et le petit-fils raconte encore pieusement et avec conviction ce que son aïeul lui a appris. C’est de cette manière que de belles et touchantes wallonades ont pasé de génération en génération. Il serait temps qu’on les recueillît pour leur donner la consécration de la presse, laquelle consacre tant de choses qui ne les valent pas.

Au XIIIe siècle, les dimanches ou les jours de fête, nos ancêtres avaient l’habitude de se réunir sur les places publiques ou dans les cloîtres, et souvent dans les cimetières ; car alors on ne se faisait pas scrupule de convertir l’asyle des morts en lieu de divertissement pour les vivants. Là, on tirait au rond, on jouait à une espèce de quintaine, à la paume, aux dés, aux quilles. Chaque soirée les rassemblait devant des chapelles ou des images de saints qui se trouvaient aux coins des rues, et là, dans le recueillement de la prière, ils chantaient des cantiques. Cette coutume existe encore dans nos faubourgs et à la campagne. Parmi ces légendes rimées, nous avons surtout remarqué des Noëls très-curieux sous tous les rapports. Il en est qu’on chante dans nos églises qui portent indubitablement le cachet du XIIIe siècle,