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populaire. C’est une nouvelle preuve qu’il a toujours été la langue de l’État, que le flamand n’a jamais été parlé par les habitants de la Hesbaye, du Condroz, de Franchimont, et de l’Entre-Sambre et Meuse, et que le latin était une langue exclusivement cultivée par le clergé et quelquefois par nos échevins ou d’autres personnages éclairés.

Même dans la classe aisée des Liégeois, d’où la plupart des fonctionnaires étaient tirés, ou rencontrait peu de personnes sachant le latin. Ce fut donc une mesure réellement dictée par la sagesse que celle (renouvelée en 1487) qui proscrivit enfin la langue de Rome des cours ecclésiastiques, pour les interrogatoires et la lecture des instructions[1]. Cette mesure bienfaisante était si nécessaire, qu’avant elle les magistrats, forcés d’ajouter foi à des versions plus ou moins ambiguës des privilèges impériaux, toujours rédigés en latin, nommaient des commissions composées de personnes instruites exclusivement chargées de les traduire.

Dans la période la plus splendide du moyen âge, la cour de nos évêques, alors aussi peu protecteurs des lettres et de l’industrie qu’à toute autre époque, cette cour, disons-nous, nonobstant cette coupable indifférence de ses chefs, était remplie de guerriers fameux, de prélats savants, de ménestrels habiles, qui suivaient pas à pas les progrès de la civilisation. Le wallon y était exclusivement parlé. Hugues de Pierrepont l’employait pour rédiger ses Chroniques des Vavassours ; ses chevaliers, pour raconter leurs prouesses ou leurs aventures galantes ;

  1. Louvrex : Rec. des Edits du pays de Liége, t. I, p. 387.