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et les poètes, pour exprimer les sentiments de l’enthousiasme de l’amour ou de la gloire. Mais il est probable que ces poëtes « ne s’estoyent point eslevez et évertuez les uns à l’envy des autres, à cause que les évesques n’avoient pas beaucoup d’affection pour la poësie et ne récompensoient pas dignement les poëtes. »

Il paraîtrait que nos pères ont peu écrit, à en juger par les vides nombreux laissés dans notre histoire littéraire. Cette disette de poètes et de prosateurs, si disette il y a — car un seul manuscrit retrouvé peut un jour nous révéler une littérature complète et inconnue ; et ce jour n’est pas loin de nous peut-être ; — a pour elle cette double excuse, que nos ancêtres sentaient trop bien la vie pour songer à l’écrire ; et qu’ils l’aimaient mieux insouciante, guerrière et presque en plein vent, à la manière antique, que réfléchie et reposée. Tels étaient les Liégeois, tels ils sont encore. Cependant, en tous les temps il y a toujours eu des exceptions.

De peur d’ennuyer à force d’être long, nous nous contenterons de citer pour cette fois les auteurs et les écrits anonymes les plus remarquables composés en wallon.

Nous l’avons vu : Notger prêchait en wallon en 972, et Egbert se servit de cet idiome en 1060. Puisque leurs paroles s’adressaient au peuple et durent être l’expression fidèle de la conversation journalière, il est donc vraisemblable que notre dialecte déployait alors une clarté et une faculté d’analyse qui le rendaient propre à communiquer à la foule les pensées de l’orateur et de l’écrivain.

Conformément à ce qui a lieu chez les autres nations, c’est dans la littérature purement historique qu’il faut aller chercher les plus anciens monuments du wallon.