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sociales fut totalement mis de côté : le bon goût réclamait l’emploi d’une langue polie, douce, élégante, riche, pour avoir des lecteurs. On ne mit pas d’entêtement à vouloir posséder une langue aussi indépendante que l’était le pays : on voulait être lu, et on fit usage du français.

Quand celle réforme arriva, on éprouva de nombreuses difficultés à trouver dans cet idiome des équivalents du wallon[1]. Quelques personnes voulurent aplanir ces difficultés et faciliter la connaissance du langage à la mode. J. Cambresier, prêtre de Liège (seul renseignement biographique qu’on ait sur cet écrivain utile), crut rendre un service important à ses concitoyens, qui, comme lui, dit-il, font plus généralement usage du wallon que du français, en publiant un Dictionnaire Wallon-Français[2]. Ce vocabulaire n’est pas très-complet. Le dialecte préféré est celui de Liège. L’auteur ne suit d’autre orthographe que celle que lui suggère l’oreille. Il est très-intéressant pour la prononciation ; les proverbes qu’il cite pour exemples sont bien choisis : somme toute, c’est un ouvrage fort recommandable.

Nous ignorons quels auraient été les résultats de cette publication sur le wallon et de l’activité intellectuelle

    Wallonismes. « Toutefois dans les Belges, ajoutent-ils, nous ne comprenons pas ici les Liégeois, qui ont toujours beaucoup aimé la littérature française et possédé, dans tous les temps, des écrivains élégants et corrects. »

  1. « Le Liégeois qui voulait écrire, était donc réduit à emprunter une langue qu’il ne parlait pas, et qui par conséquent ne lui était pas familière. » Malherbe : Galerie de portraits, etc., p 7.
  2. Liége, 1787, in-8º, à deux coll.