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qui commençait à régner dans le pays de Liège : l’orage révolutionnaire et l’invasion républicaine firent déposer la lyre wallonne comme la lyre française. Sous le règne des envahisseurs, la langue de nos ancêtres fut regardée comme indigne de toute étude ; seulement, en 1812, une circulaire du ministre de l’intérieur ordonna aux savants de lui consacrer quelques veilles. Cet ordre prescrivait en outre à tous les préfets de recueillir les monuments écrits en patois de leurs départements, et d’envoyer, comme échantillon, la parabole de l’Enfant prodigue. Les événements politiques empêchèrent de donner toute l’attention nécessaire au programme : le département de l’Ourthe ne fut représenté que par une version de Liège et de Malmedy. Ce fragment de notre idiome[1] n’est guère satisfaisant : le français dominait le traducteur : il ne rend pas mot à mot l’original.

Avec la paix, les savants reparurent. En 1823 « la mode ayant proscrit l’idiome wallon », un littérateur liégeois, L. Remacle, augmenta le travail de Cambresier et le publia sous le titre de Dictionnaire Wallon-Français[2]. Il le fit précéder d’une Grammaire Wallonne,

  1. La version en dialecte de Liège fut communiquée par M. D’Omalius d’Halloy ; elle est insérée dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de France, (1824), t. VI, p. 463.
  2. Liège, 1823, in-8º ; l’Abrégé de Grammaire Wallonne a quarante-huit pages. — L’auteur publie maintenant une seconde édition du Dictionnaire, in-8º, à deux colonnes. Le tome 1er vient de paraître : il finit avec la lettrine F et comporte xxxv et 687 pages. À propos de cet ouvrage, nous dirons que ce n’est pas faire un dictionnaire wallon que de walloniser tous les mots français, etc., etc., anciens et modernes. Les glossaires de patois devraient être façonnés sur les lexiques de Roquefort et de Raynouard.