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à-dire, qui a quelques désinences et quelques inflexions patoises. Aussi, en général, le wallon se parle mais ne s’écrit plus.

Cette réforme n’est pas d’hier seulement ; elle remonte déjà à une époque passablement éloignée. L’origine en sera vite recherchée : elle gît dans l’invention de l’Imprimerie, qui, en répandant les ouvrages des meilleurs écrivains, multiplia et facilita les moyens d’instruction. La nation dont les presses vomirent le plus d’ouvrages, devait inévitablement acquérir une vraie supériorité intellectuelle. Cette condition fut bientôt remplie à Paris : le dialecte de cette capitale se distingua par sa richesse, son harmonie et sa flexibilité. Pour résister à la magie des avantages de cette langue, qui, tout de suite, représenta exclusivement les dialectes de la France (quoique alors la centralisation politique fût presque nulle), il aurait fallu rivaliser avec elle : c’est ce qui ne se fit point. Le patois parisien n’ayant à lutter contre aucun de ses frères, eut dans toute l’Europe un succès glorieux. Fier de sa renommée, paré de tous ses avantages, il fit invasion dans le pays de Liège : l’âpreté du langage de nos pères ne put longtemps jouter contre des accents plus doux et plus polis. On n’étudia bientôt plus que dans des livres français, et c’est de là que datent ces atteintes portées à la langue wallonne.

Maintenant que nous avons esquissé rapidement l’historique du wallon, il serait, peut-être, nécessaire de parler de son matériel. Notre portefeuille est gonflé de notes grammaticales qui se pressent à chaque moment sous notre plume ; mais comme nous n’aimons pas ce genre d’érudition, et que nous finirions d’ailleurs par ennuyer le bénévole lecteur, cet objet ne nous arrêtera pas longtemps.