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tendent pourtant que le wallon est fils de leur langue. Si notre parler est si remarquable par son extrême et sauvage accentuation, raisonnablement alors est-ce que cette prononciation doit déterminer l’écriture ? Doit-on lui sacrifier les principes étymologiques et les modifications des mots ? Pour nous, nous ne le croyons pas, et nous regardons ce point comme un principe fondamental : que tant que l’on voudra appliquer à notre idiome l’écriture phonique, il sera illisible pour ses enfants même. L’étude en devient déjà assez difficile quand on marque par des apostrophes les syllabes élidées dans le style de la conversation, et cela parce que les étymolologies essentielles et surtout les lettres caractéristiques ont tout à fait disparu. Il est bien temps cependant qu’on astreigne enfin notre orthographe à des règles sages et faciles[1]. Leur discussion causera malheureusement un grand embarras. C’est fâcheux vraiment qu’il n’existe pas dans notre royaume une Académie littéraire : tout débat sur la constitution grammaticale de notre cher et aimé wallon cesserait bientôt. Mais, comme on l’a fait dernièrement avec tant de courtoisie pour le mélodieux Flamand, est-ce que le Gouvernement ne pourrait pas créer une commission philologique pour fixer d’une manière bien officielle l’orthographe wallonne ? Cet idiome deviendrait assurément aussi plus flexible, si, d’un autre côté, on le cultivait un peu plus consciencieusement qu’on ne l’a fait jusqu’à présent.

La simplicité rude de notre idiome a fait avancer par quelques personnes qu’il n’a pas de ressources bien

  1. « Il est si difficile de faire des Règles : Omnis definitio periculosa ! » dit le savant auteur du Dict. Étymologique de la langue française, Ménage.