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faveur de notre pays, de cette forme nerveuse et concise où le récit, le dénouement et la moralité s épanouissent dans un bouquet de quatre vers. M. Mollevaux a-t-il beaucoup de quatrains comme celui-ci ?

Inn vindress, en mahan s’lessai,
Aveu wâgni on noû chapai.
On vein soffel… adiu s’proffi :
L’aiw l’aveu d’né, l’aiw ell ripri.

L’Épigramme ne nous est pas non plus inconnue et nous croyons que celle-ci réunit les conditions qu’exige M. Boileau :

Ste Cicile aimév-t-el li vin ?…
Ji nè sé rin ;
Mais ji sé bin
K’ lez muzicien
El houmet foirt amoureusmin.

Il n’y a guère que le Sonnet qui nous manque. Il est vrai qu’on ne le cultive que là où il y a des ruelles et des marquises, et pour celles-ci elles n’admettent guère le wallon.

Mais c’est à la Satire proprement dite que ce dialecte est favorable : ce genre de poésie, dans notre idiome, prend le nom de Paskeie quoique ce nom se donne communément à toute composition en vers de six à huit syllabes. Elle constitue la véritable poésie nationale des Liégeois. Il est à regretter que le vrai sentiment poétique n’y brille pas toujours à un très-haut degré, et que parfois une trivialité le dépare, comme on peut voir dans cette pièce, qui réunit tant de naïveté à tant d’expression :