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des mœurs et à celle des faits. On ne peut croire en effet quel profit on retire des études philosophiques appliquées aux recherches historiques sur la signification primitive des mots, c’est-à-dire, comment, par le moyen des ressources qu’elles fournissent, on parvient à suivre la filiation de leurs différentes acceptions, en remontant vers leur origine. C’est ce qu’a lucidement démontré un des plus savants antiquaires modernes, Raynouard[1].

A-t-on en effet à connaître les mœurs, les usages, les lois, le caractère, le gouvernement, etc., d’un peuple qui n’existe plus ? On n’a qu’à feuilleter le vocabulaire de sa langue, et aussitôt il révélera diverses indications qui aideront à donner une idée juste de son histoire et de son gouvernement.

C’est ainsi que souvent dans nos documents constitutionnels on voit que l’on offre au président des Liégeois, du consentement des États, ou à la suite d’une paix, dans des occasions solennelles, des dons gratuits ; en fait de contributions, on ne connaissait que des aides : tous ces mots expriment que les Liégeois étaient un peuple excessivement libre. On n’a qu’à recourir à l’étymologie, et ces interprétations apparaîtront sous un aspect bien plus large à l’investigateur ingénieux.

Notre tâche est ici achevée ; comme on s’en apercevra aisément, elle n’a été ni longue ni difficile ; aussi, est-elle incomplète. À proprement parler, ce n’est qu’un cadre que nous souhaitons de voir remplir par de plus capables que nous. Notre but n’était que

  1. Lexique roman, tom. I, p. XXIV.