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Page:Ferdinand Prat - La théologie de Saint Paul.djvu/1163

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un royaume, il en est toujours le roi. À ce point de vue, son règne ne saurait finir : toujours il régnera et toujours « nous régnerons avec lui ». Mais il est en outre chef de l’Église militante, chargé de venger l’honneur de Dieu, de conduire à la victoire ceux qui marchent sous sa bannière, de châtier les révoltés ou de les soumettre. Cette vice-royauté temporaire cesse avec les fonctions qui la constituent ; le mandat de dictateur ou de généralissime expire au moment où il n’y a plus de combats ni de forces hostiles. Dieu, en confiant à son Fils ce pouvoir extraordinaire, avait eu soin d’en assigner le terme : « Il faut qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis sous ses pieds tous ses ennemis. »

Comme chef de l’Église militante, le Christ jouissait d’une sorte d’autonomie et avait effectivement une autorité propre. Sa mission terminée, il ne lui reste plus qu’à prendre sa place bien haut au-dessus de ses sujets mais bien bas au-dessous de Dieu : « Or, quand tout lui aura été assujetti, le Fils lui-même s’assujettira à celui qui lui a assujetti toutes choses. » L’abandon de son mandat est spontané, ainsi que l’acte par lequel il s’en était chargé : mais l’un et l’autre se règlent selon l’ordre du vouloir divin. Saint Paul parle si évidemment du Christ comme homme qu’on a peine à concevoir pourquoi tant de Pères — et des plus illustres — ont songé soit au Christ subsistant dans la nature divine, soit au corps mystique du Christ. Le corps mystique du Christ ne s’appelle pas « le Fils de Dieu » ni, à plus forte raison, « le Fils lui-même » ; et c’est faire violence au texte que de passer brusquement de l’œuvre de la rédemption, qui est le sujet de tout ce passage, aux relations de la vie intime du Verbe.

La fin. — Le sentimentalisme théologique de nos jours, renouvelant les rêveries d’Origène, prolonge l’action rédemptrice du Christ bien au delà de son retour triomphal. La parousie amènerait seulement la résurrection et la glorification des justes ; pour les autres, rien ne serait encore définitif. La fin viendra plus tard quand le Christ aura parachevé sa victoire sur le péché et sur la mort, quand il aura subjugué par la persuasion tous ses adversaires, quand Dieu, réalisant ses desseins d’amour, sera véritablement tout en tous et aura fait