Aller au contenu

Page:Ferdinand Prat - La théologie de Saint Paul.djvu/1164

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

miséricorde à tous. Mais saint Paul ne peut pas être rendu responsable de ce système qui contredit un grand nombre de ses affirmations les plus nettes. D’après lui, la volonté salvifique de Dieu, tout universelle qu’elle est, respecte la liberté humaine ; la rédemption offerte à tous n’est imposée à personne et le Christ, médiateur unique, n’associe à sa victoire que ceux qui acceptent sa médiation et qui lui sont unis par la charité. Aussi les partisans de la restauration universelle se voient-ils contraints d’abandonner le terrain de la théologie et de l’exégèse pour s’établir sur le sol plus ferme à leurs yeux de la philosophie rationnelle où nous ne pouvons les suivre,

L’homme une fois parvenu au terme de ses destinées, que deviendra son ancienne demeure ? Un seul texte de l’Apôtre autorise à ce sujet quelques inductions assez incertaines. Les souffrances de la vie présente, dit-il, ne sont rien à côté de la gloire qui doit un jour se révéler en nous : « Aussi la création, avec une anxieuse impatience, attend-elle la révélation des enfants de Dieu. Car la création a été soumise à la vanité, non pas de son gré mais à cause de celui qui l’y a soumise, dans l’espérance qu’elle aussi sera affranchie du service de la corruption pour [participer à] la liberté glorieuse des enfants de Dieu. Or nous savons que jusqu’à ce jour la création tout entière gémit et souffre les douleurs de l’enfantement ! [1] » Sans presser indûment les traits de cette poétique hypotypose, il est évident que la création matérielle — car c’est d’elle qu’il s’agit ici par opposition aux êtres raisonnables — fut associée de quelque manière à la déchéance de l’homme et qu’elle aura part dans quelque mesure à sa glorification. En effet elle gémit de sa condition actuelle comme d’un état violent contraire à ses légitimes aspirations ; elle n’accepta d’être soumise à la vanité que pour obtempérer aux ordres du créateur et sur l’assurance que ce joug odieux lui serait ôté au moment de la parfaite délivrance de l’homme. Le tout est de savoir s’il est question d’une déchéance physique ou d’une déchéance morale, d’une réhabilitation physique ou d’une réhabilitation morale. Le texte isolé que nous venons de transcrire ne permet pas

  1. 1. Rom, 8¹⁹⁻²², Cf. t. I, p. 530,