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Page:Ferdinand Prat - La théologie de Saint Paul.djvu/33

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des grandes Épîtres. C’est cependant pour cela que Tubingue les rejetait, l’une à cause de la parousie, l’autre à cause de la christologie. — Weizsäcker, fidèle aussi au vieil esprit de Tubingue, se prononce néanmoins de la manière la plus catégorique en faveur de l’authenticité de Phil. et 1 Thess. (Das apost. Zeitalter ?  : 1892, p. 184). — H. J. Holtzmann (Lehrbuch der neutest. Theol. 1897, t. II, p. 9) accentue un peu plus le retour à la tradition : il n’a plus d’objections que contre Col. et 2 Thess. — Jülicher, dont l’Introduction est classique, rompt nettement avec l’école de Tubingue. Il admet l’authenticité de toutes les lettres, sauf les Pastorales, avec quelques doutes cependant pour Eph. (Einleitung in das N. T.4 1901, p. 115). — A. Harnack est d’avis qu’il faut rétrograder encore davantage dans le sens de la tradition ancienne (Die Chronol. der alt-christl. Litteratur, t. 1, 1897, Préface et p. 239, note 1). L’auteur ne fait d’objections que contre les Pastorales, où il reconnaît cependant de larges fragments authentiques interpolés, entre 90 et 110 et de nouveau plus tard.

Ce n’est pas qu’il n’y ait de temps à autre, dans ce mouvement général de retour à la tradition, quelque arrêt et quelque recul. Par exemple, W. Wrede (Die Echtheit des zweiten Thessalonicherbriefes, Leipzig, 1903, dans Texte und Unters. N. F.t. VIII) se plaint qu’on ait négligé jusqu’ici le principal argument contre l’authenticité. Ce fameux Hauptargument serait la conformité littéraire des deux Épîtres ; mais, étant données les habitudes de Paul, on peut affirmer sans hésitation que cet argument se tourne en faveur de l’authenticité. Malgré l’appui de G. Hollmann (Die Unechiheit des zweilen Thessalonicherbriefes dans Zeitschrift für neutest. Wissenschaft, 1904, p. 28-38), l’argumentation de Wrede a fait peu d’impression. Cf. G. Wohlenberg, Der erste und zweite Thessalonicherbrief, Leipzig, 1903. Voir aussi G. G. Findlay, Recent Cristicism of the Episties to the Thessalonians, dans The Expositor, 6e série, t. II, 1900, p. 251-261.

3. École libérale indépendante. — Les négations de Tubingue n’ont jamais eu beaucoup d’écho hors de l’Allemagne. Même dans ce pays, elles n’ont guère eu l’adhésion que de quelques historiens critiques inféodés d’avance à un système. Elles n’ont pas ému les exégètes et les philologues qui sembleraient cependant les plus compétents sur ces matières. Nous croyons que les récents travaux de Zahn, de Weiss, de Resch et de bien d’autres suffraient à dissiper tous les doutes si l’on avait jamais douté bien sérieusement de l’authenticité des dix Épîtres en question.

II. LES DISCOURS DES ACTES.

I. Système des tendances. — Pour l’école de Tubingue, les Actes des apôtres n’étaient qu’un écrit tendancieux, composé vers l’an 150, par un anonyme qui connaissait les lettres authentiques de Paul mais les modifiait à dessein pour atténuer les luttes violentes d’où était né le christianisme du second siècle. L’école hollandaise actuelle partage les vues de celle de Tubingue sur le peu de valeur historique des Actes, mais elle aboutit à cette conclusion par des voies diamétralement opposées. Le livre, disent-ils, est « d’un genre légendaire, d’un ton édifiant et d’un caractère apologétique » qui suffisent à le juger comme histoire, mais il n’offre pas la moindre trace des tendances imaginées par l’école de Tubingue : il ne vise pas à la réconciliation des Paulinistes et des Pétrinistes, il n’a pas pour but d’exalter Paul, ou de le défendre contre ses adversaires, ou