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Page:Ferdinand Prat - La théologie de Saint Paul.djvu/32

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NOTE A. — PAUL ET LA CRITIQUE

I. LES ÉPITRES.

Nous traitons à part la question des Pastorales et de l’Épître aux Hébreux. Il ne s’agit ici que des dix autres lettres dont la critique indépendante s’accorde de plus en plus à reconnaître l’authenticité.

1. École hollandaise radicale. — Cette école fréquemment qualifiée par ses adversaires de « sceptique, hypercritique, pseudo-critique, anticritique » est désignée d’ordinaire sous le nom d’École hollandaise parce que, à l’exception d’un Suisse (R. Steck, de Berne, Der Galaterbrief nach seiner Echtheit untersucht, nebst krilischen Bemerkungen aus den paulinischen Hauptbriefen, 1888) et d’un Américain (W. S. Smith, Tulane University, Nouvelle-Orléans) qui y à récemment adhéré, elle n’est encore représentée que par des Hollandais. Elle se réclame d’Evanson (1792), de Bruno Bauer, de Pierson, de Naber, mais son vrai fondateur est A. D. Loman (Quæstiones Paulinæ, dans Theologisch Tijdschrift, 1882, 1883 et 1886, articles réunis plus tard dans Nalatenschap, 189) et son vulgarisateur le plus connu W. C. van Manen (Paulus etc. 1890, 1891 et 1896, résumé dans Handlewding voor de Oudchristelijke letterkunde, 1900). Ses adeptes publics sont C. Matthes, J. van Loon, Meyboom, Bruins, Vülter (Die Komposition der paulin. Hauptbriefe, I Der-Römer— und Galaterbrief, 1890). — L’école hollandaise prétend suivre les véritaoles principes de l’école rationaliste allemande mais sans reculer devant les conclusions, quelque déconcertantes qu’elles puissent être. Elle rejette donc l’authenticité de toutes les Épîtres pour les raisons mêmes que faisait valoir l’école de Tubingue contre les petites lettres. En effet :

A) Il n’y a pas moins de différence de vocabulaire, de style, de point de vue religieux et moral, entre 1 et 2 Cor. d’une part et Rom. Gal. d’autre part, qu’entre Rom. et Phil. Col. Philem. Au contraire, dans ce dernier cas, le rapport est plus étroit.

B) La tradition n’est pas moins favorable aux petites Épîtres qu’aux grandes. Il faut donc ou les rejeter toutes ou les retenir toutes, à moins qu’il n’y ait des raisons spéciales justifiant l’inégalité de traitement.

C) Or, toutes les raisons que l’école de Tubingue a imaginées pour repousser les petites Épitres s’appliquent aussi — et dans la même mesure — aux Épîtres réputées intangibles.

L’argument ad hominem peut être excellent mais l’absurdité de la conclusion aurait dû induire les nouveaux critiques à reviser le procès tendancieux fait par les théologiens de Tubingue aux petites lettres de Paul. Pour plus de détails, voir l’article Paul, 33-51, par van Manen, dans l’Encyclopædia Biblica.

2. École rationaliste allemande. — Le dogme fondamental de Baur et de ses disciples immédiats, ne reconnaissant à Paul que la paternité des quatre grandes Épîtres, est aujourd’hui battu en brèche de toutes parts, L’un des derniers fidèles de Tubingue, C. Holsten (Paulin. Theologie, Berlin, 1898, p. 4), est obligé de convenir que beaucoup de critiques acceptent maintenant l’Épître aux Philippiens et la première aux Thessaloniciens, en ajoutant qu’elles ne contiennent pas une doctrine différente de celle