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raient sensiblement. L’une était blonde comme les blés, l’autre brune comme la nuit, et leur caractère se ressentait de cette différence : autant la brune, Paula, était décidée et énergique, autant la blonde, Lucy, était timide et craintive.

II

SÉPARATION

Le temps passa.

Robert suivit brillamment la même carrière que son père ; les fillettes devinrent de belles jeunes filles.

Un grand malheur les frappa alors : elles perdirent leur mère.

Cette dure épreuve les affecta douloureusement. Elles n’eurent pas le temps de se consoler, car bientôt il leur fallut envisager la possibilité d’un éloignement des lieux chéris où s’était écoulée leur enfance.

Elles ne pouvaient rester seules dans le vaste domaine familial pendant les fréquentes absences de leur père et de leur frère ; il fut donc décidé, malgré leurs larmes, qu’elles quitteraient la Nouvelle-Orléans pour aller à Saint-Louis, chez une sœur de leur mère qu’elles aimaient beaucoup.

Mais le voyage offrait plus d’une difficulté. Les routes, dans ce pays neuf, n’existaient pas. En outre, les tribus d’Indiens nomades étaient à redouter.

Des partis de chasseurs sauvages sillonnaient souvent les forêts. Avec cela que les féroces Peaux-Rouges ne manquaient alors jamais une occasion de se venger des visages pâles qui les avaient dépossédés, tuant et scalpant les voyageurs sans défense.

Le commandant de Morville pensa donner à ses filles une escorte composée de quelques-uns de ses braves marins ; mais son fils l’en dissuada.