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— Laissez-moi, mon père, le soin de protéger seul mes sœurs. Une petite troupe passe impunément là où une plus nombreuse attire l’attention. Je connais parfaitement la route que nous devons suivre, et j’ai le ferme espoir que nous arriverons à bon port.

— Oh ! oui, père, s’écria Paula ; laissez-nous partir avec Robert. Je n’ai aucune crainte.

— Et toi, ma Lucy ? demanda le commandant, en serrant dans ses bras son autre fille.

— Oh ! moi, père, dit-elle en sanglotant, je voudrais ne pas vous quitter.

— Sois raisonnable, mon enfant. Je puis partir d’un jour à l’autre, peut-être dès demain. C’est même ce qui m’empêche de vous accompagner. Le congé de ton frère expire dans quinze jours ; je ne puis vous laisser seules ici. Votre tante vous aime, et, du reste, notre séparation sera de peu de durée. Je vous promets de quitter le service aussitôt que je le pourrai et de venir vous reprendre alors. Je n’ai qu’un regret : c’est de ne pas pouvoir vous donner pour guide un ami d’enfance à moi, Jacques Carol, le fils du garde-chasse de mon père. Nous avons été élevés ensemble, il m’a suivi dans toutes mes campagnes, et ne m’a quitté que depuis mon mariage avec votre mère. Ayant pris part alors à plusieurs grandes chasses dans la prairie, il fut séduit par cette vie libre du désert et devint chasseur. Il paraît qu’il a acquis une grande réputation parmi les Sauvages, qui admirent son adresse et l’ont même surnommé le Cœur-Vaillant.

— Est-il mort, mon père ? demanda Robert.

— Non, mon enfant. J’ai de ses nouvelles à de rares intervalles. Plusieurs fois je lui ai fait dire de venir ; mais il prétend, parait-il, qu’il ne peut plus vivre dans l’air des villes. Ah ! si je savais où le trouver !…