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La soirée se passa en projets d’avenir.

M. de Morville et son fils s’efforçaient de ramener un peu de calme dans l’esprit de Lucy ; Paula les y aidait, cachant courageusement son propre chagrin.

Comme ils allaient se séparer pour la nuit, l’ordre d’appareiller le lendemain au point du jour arriva pour leur père et renouvela les pleurs.

On ne dormit guère cette nuit-là dans la maison en deuil : les pauvres jeunes filles allaient se trouver deux fois orphelines.

Elles le comprirent surtout en voyant le vaisseau quitter majestueusement le port pour gagner la pleine mer : d’un même mouvement elles s’agenouillèrent pour implorer l’Étoile de la Mer et lui demander de protéger leur père.

III

LE DÉPART

Cependant tous les préparatifs du départ étaient terminés. Robert, pensant qu’il valait mieux éviter les routes frayées, avait décidé qu’on voyagerait à cheval ; ses sœurs, excellentes écuyères, n’y virent aucun inconvénient.

Ils n’emportaient pas de bagages ; ceux-ci devaient être expédiés avec un convoi militaire qui partait sous peu pour Saint-Louis.

Les jeunes filles, maintenant que leur père n’était plus là, n’éprouvaient aucun regret de quitter la Nouvelle-Orléans.

Comme ils se mettaient en selle, le cœur un peu serré, la plus grotesque des apparitions vint frapper leurs regards ; c’était un bizarre cavalier à la face glabre, un long nez retroussé comiquement, coiffé d’un tricorne déformé sous les ailes duquel apparaissaient deux bons yeux d’enfant, naïfs et étonnés,