Page:Ferland, De Villers - Le sorcier de l'isle d'Anticosti - À la recherche de l'or - Au pays de la Louisiane, 1914.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 44 —

L’inquiétude le prit, non pour lui, mais pour ses sœurs. Il savait avec quelle adresse les Peaux-Rouges suivent une piste, et avec quelle férocité ils traitent les blancs qui tombent dans leurs embuscades. Il redoubla d’attention et de précautions, sans toutefois rien dire qui pût donner l’éveil aux jeunes filles ; il serait bien temps de les avertir quand le danger serait là. Seulement il leur demanda de ne parler qu’à voix basse, « par mesure de précaution », ajouta-t-il.

Cela ne les alarma pas.

Au bout d’une heure, Robert, n’entendant plus rien, conseilla un temps de galop, afin de sortir au plus tôt de cette zone de forêt où, si l’on peut se cacher, on peut aussi être surpris. Mais alors une voix lamentable s’éleva : c’était celle du pauvre Daniel qui, malgré sa frayeur, cherchait à exciter sa monture, et n’y parvenant pas, criait miséricorde.

— Ah ! maître Robert, vous ne m’abandonnerez pas aux Sauvages et aux bêtes féroces ! Et vous, maîtresses, ayez pitié de votre pauvre « bonne ».

Robert, impatienté, lui intima l’ordre de se taire, ajoutant :

— Tu veux donc prévenir les Peaux-Rouges ?

— Hélas ! maître, dit tout bas Daniel, il y en a un qui nous suit depuis le matin, et je ne savais comment vous prévenir, c’est pour cela que j’ai crié.

— Où est-il ? demanda le jeune homme sur le même ton.

— Il était à notre hauteur il y a cinq minutes, répondit Daniel.

— Sont-ils plusieurs ?

— Je ne crois pas.

— C’est bien. Nous continuons notre route ; mais il est convenu que dès que tu le verras encore, tu m’avertiras.

— Mais je le mettrai sur ses gardes, alors ?