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La Gaspésie

éclate, et les morceaux sont lancés au loin, sans néanmoins blesser personne.

Vers midi nous sommes sous voile. Le vent tombe ; un calme plat nous arrête vis-à-vis des pêcheries de la Nouvelle. Nous espérions arriver de bonne heure à Paspébiac ; il faut remettre la partie à demain. Cependant le temps est si beau et les causeries sur le gaillard d’arrière sont si gaies, que personne ne s’aperçoit du contretemps. Le soleil se couche dans toute sa gloire et éclaire de ses derniers rayons un ciel sans nuage ; à l’occident, le crépuscule déploie lentement son manteau d’or et de pourpre ; à l’orient, les côtes basses du Chippagan se dessinent, comme une longue bande qui se confond avec l’azur de la mer. À mesure que l’obscurité s’étend sur l’horizon, les feux allumés sur le banc de Paspébiac lancent des jets d’une lumière rougeâtre, qui tremblent sur la surface ridée des eaux, et produisent à cette distance un effet lugubre,