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La Gaspésie

sert de bouette ou d’appât pour la morue ; à chaque coup de verveux, ils retirent plus d’un demi-minot de ce poisson. Aussi notre provision de capelans se fait dans un instant, et nous mouillons sur un fond, où il y a cinq ou six brasses d’eau. Au bout de trois quarts d’heure, seize grosses morues, étendues au fond de la chaloupe, témoignent leur mauvaise humeur, en ouvrant les ouïes, balançant les nageoires et battant de la queue. Il faut savoir s’arrêter à temps dans les voies de la bonne fortune ; le soleil vient de se coucher, le canon de la pointe nous appelle ; on nous attend pour le souper.

— « Ramons, amis, vivement, vigoureusement ; qu’importe la fatigue du moment, nous pourrons ce soir dormir en paix, sans craindre les soubresauts de la Sara. »

La goëlette est, en effet, entrée dans la petite rivière, où, à l’abri des vents et des flots, elle nous promet une nuit plus tranquille que la