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Page:Ferland - La Gaspésie, 1877.djvu/47

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La Gaspésie

dernière. Cependant, Morphée a beau entasser ses pavots sur nos paupières, il nous coûte de laisser le pont pour la chambre. Le temps est si calme ; la lumière de la lune tombe si mollement sur les masses obscures des montagnes ! Voyez au large ces feux glissant silencieusement sur la mer ; une lueur rougeâtre s’attache aux canots, et aux figures fantastiques qui les guident ; elle se répand au loin et s’étend sur les eaux, comme un vaste linceul ensanglanté. Armés de flambeaux, les pêcheurs sont en quête du saumon, qui ordinairement remonte pour frayer dans la rivière, vers le milieu du mois de juin. Le temps de son arrivée est passé, et il n’en a pas encore été pris. Aussi on s’inquiète de cette circonstance, et, chaque soir, depuis quelques jours, les pêcheurs viennent sonder de l’œil les fonds, où il a coutume de s’arrêter avant d’entrer dans la rivière Sainte-Anne.