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La Gaspésie

la base de la nourriture et des amusements, des affaires et des conversations, des regrets et des espérances, de la fortune et de la vie, j’oserais dire, de la société elle-même.

Autour de la rivière au Renard, le sol est excellent et naturellement couvert d’une herbe longue, propre à la nourriture des bestiaux ; il produit d’assez bon blé, de l’orge, de l’avoine, des pommes de terre qui viennent à merveille ; mais qu’est-ce que cela ? La mer n’est-elle pas là avec ses trésors inépuisables ? Au printemps, les travaux de la terre se font à la hâte, et l’on se livre avec fureur aux préparatifs de la pêche. Du district de Québec arrivent beaucoup de jeunes gens, qui s’engagent comme moitiés de ligne, chez un maître de grave[1] Celui-ci four-

  1. C’est ainsi que, sur la côte de Gaspé, l’on désigne le propriétaire d’un établissement de pêche. Les pêcheurs français emploient généralement les termes qui étaient en usage lorsque la France possédait ce pays. Grave signifiait d’abord, parait-il, une certaine étendue de terre près du rivage préparée pour faire sécher la morue ; ce nom a été ensuite donné à l’établissement tout entier.