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Le Labrador

m’éloignant du rivage, je réussis à gravir le coteau, au moyen de quelques arbrisseaux ; puis, un sentier tracé par les chiens, me conduisit au sommet du cap, d’où je me glissai tant bien que mal sur une corniche du rocher, longue d’environ douze pieds et large de trois ou quatre. Sous mes pieds était le rivage d’où j’avais examiné ce nid d’aigle ; ce n’était pourtant pas un nid d’aigle, mais bien un nid de montagnais. Oui, sur ces quelques pieds de roc, une famille sauvage avait passé deux semaines : ces pierres enfumées formaient la cheminée ; quelques branches d’épinette recouvertes de mousse marquaient le lieu où dormaient paisiblement le père, la mère et les enfants, tandis qu’au-dessus grondait l’ouragan, et qu’au-dessous la mer dans sa furie ébranlait le pied du rocher. Des tisons noircis, des amas d’os de goëlands, et d’arêtes de poissons prouvent que la chasse et la pêche avaient