Page:Ferny - Chansons de la roulotte, 1900.djvu/161

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Retentit des accents de cet homme éloquent,
À moins que l'on ne songe ? Un seul : f… le camp ! —
Il songeait… Il songeait : « Ma gloire diminue !
Naguère j’ai dit : « La séance continue ! »
Et l’on n’a déjà plus l'air de s’en souvenir !…
C’est ma faute. C’était trop long à retenir.
Cambronne fut beaucoup plus bref, et sa mémoire,
Jusqu’à la fin des temps, parfumera l’histoire !
J’aurais dû, comme lui… Mon Dieu ! c’était le cas !
Beaucoup objecteront que je ne pouvais pas,
Vu ma qualité d’homme en qui la France espère.
Si, je pouvais. Monsieur Loubet n’est pas mon père ![1]
Cambronne, je le sais, a, depuis qu’il est mort,
Atténué son mot, qu’il sentait un peu fort,
Par une variante ayant plus de tenue ;
Un pendant à mon « La séance continue ».
Mais n’avoir que la variante n’est pas gras !
Ô Porte-Saint-Martin future, tu pourras
Jouer ma scène, à moi, devant les jeunes filles !
Triste ! je serai le Cambronne des familles !
Tout le monde dira : « Ce n’est pas sale ! » Oh ! non,
Mais ça tient de la place ! On oubliera mon nom !
Puis un mot comme « La séance continue ! »
C’est trop fin, c’est trop fort, ça crève trop la nue.
Combien d’électeurs de ma circonscription,
Avec leur sens pratique en fait d’élection,
Se seront dit, devant ce « continue » étrange :
« Est-ce que ça se boit ? Est-ce que ça se mange ?

  1. Utilisation de « C’est pas mon père ! », plaisanterie courante qui était encore très spirituelle il n’y a pas plus de quinze jours. (6 août 1899.)