Page:Ferrand - Fables et légendes du Japon, 1903.djvu/37

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Et il lui tendit une petite fiole, laquelle contenait un poison très violent, qu’il avait lui-même préparé avec des herbes de la montagne. Le blaireau, qui ne soupçonnait pas son ami d′avoir à son égard de mauvaises intentions, accepta sans méfiance aucune le soi-disant remède. Le lièvre lui souhaita alors bonne chance et le saluant profondément, retourna dans son gite, jouissant en son cœur du succès de sa ruse.

Le blaireau avala le poison. Aussitôt il éprouva dans tout son corps une brûlure épouvantable. Il se tordit comme un ver, au milieu d’atroces souffrances et se mit à pousser des cris déchirants. Le lendemain, à l’aurore, le lièvre vint voir si le blaireau était mort. Celui-ci n’était pas mort encore, car les blaireaux ont la vie dure. Il était couché et souffrait horriblement.

Le lièvre jugea alors que l’occasion était on ne peut plus favorable pour assouvir sa vengeance :

— blaireau, lui cria-t-il, tu te souviens sans doute de la vieille Tora, que tu as assommée et fait manger à son mari. Eh bien, apprends que les dieux punissent toujours le crime. C’est moi qu’ils ont choisi comme instrument de leur vengeance. C’est moi qui ai mis le feu à ton fagot de bois au mont Katchikatchi. Ce remède que je t’ai apporté hier est un violent poison que je t’avais moi-même préparé pour te faire mourir. Meurs donc ! Et que Gombéiji et Tora soient vengés!

Il dit, et saisissant une grosse pierre, il en assomma