Page:Ferrand - Fables et légendes du Japon, 1903.djvu/60

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chandises diverses, rangées dans un ordre élégant.

Ils sont un peu délaissés le soir. La foule préfère circuler devant les nombreux étalages qui se succèdent de chaque côté du boulevard, à une petite distancé des maisons. Ces étalages consistent en un simple tapis ou une mince natte étendue sur le sol. Éclairés par des lampes fumeuses ou des lanternes bigarrées, ils forment un panorama ravissant, que dépare à intervalles réguliers l′ombre épaisse des énormes et disgracieux poteaux du télégraphe ou du téléphone.

Là, sont alignés avec goût et élégance tous les objets à la mode du jour : fleurs et fruits de la saison, bijoux faux, lunettes de myope ou de presbyte, étoffes et soieries, porcelaines et ustensiles de ménage, bouquins et vieilles revues, jouets d’enfants, sucreries et pâtisseries alléchantes. Derrière chaque étalage, assis sur les talons et fumant tranquillement sa pipe, le marchand ou la marchande attend les acheteurs et invite les passants.

Les spectacles sont variés. Voici le bouquiniste, devant l’étalage duquel les étudiants s’arrêtent. Ils contemplent et feuillettent de vieux livres que, la plupart du temps, ils n’achèteront pas ; car l’étudiant, en général, loge le diable dans sa bourse.

Ici, c’est le diseur de bonne aventure, le voyant de l’avenir. Il est assis devant une petite table, sur laquelle sont posés les bâtonnets mystérieux aux chiffres fatidiques. Grave et solennel, il attend que quelque naïf vienne lui confier ses secrets,