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Oh ! non, répond l’excellent Pierre ;
Moi je suis vert encor, j’ai bon œil et bon bras,
Et ma femme et mon fils me sauvent d’embarras ;
Leurs travaux joints aux miens éloignent la misère.
J’aurois, dit Claude, été moins scrupuleux que toi ;
Et je me crois un honnête homme :
Ne dire mot, garder la somme,
Qui l’eût reproché cela ? — Moi.



FABLE XCIII.

L’ALOUETTE ET SES PETITS.


Au sortir de la coque, on rit de la prudence ;
Je ne reconnois plus aujourd’hui les enfans :
Ils se moquent de tout, même de leurs parens,
De leurs conseils, de leur expérience :
Mère alouette un jour exprimoit en ces mots
Les torts de ses petits, leurs indiscrets propos.
Elle disoit souvent : Famille volontaire
Causera son malheur et celui de sa mère.
Voyez ces étourdis, vouloir manger les grains
Qu’un perfide oiseleur répand sur ces chemins !
Je connois, mes enfans, mieux que vous cet usage
Destructeur de tous les oiseaux :
Restons cachés aux creux de nos ormeaux ;
C’est là, mes chers amis, le parti le plus sage.
Par cette affreuse neige il faut rester chez nous ;
Elle fondra, l’air deviendra plus doux.
Sans redouter le traître et ses funestes coups
Nous quitterons l’asile du bocage.