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À tous les gueux je ferois la défense :
On verroit assommer leur chien
Sitôt qu’il oseroit paroître.
— Grâces au ciel, monsieur, vous n’êtes pas le maître !
Mon cher et fidèle gardien
À la main bienfaisante, hélas ! ne coûte rien :
Non, de ce pain qu’on me dispense,
Personne encor pour lui n’a grossi la pitance.
Un jour, si comme moi vous perdez votre bien,
Les revers sont fréquens dans cette triste vie,
(Grands seigneurs, financiers, chacun le doit savoir,)
Vous priseriez d’un chien la douce compagnie,
Car c’est le seul ami qu’un pauvre puisse avoir.



FABLE CXII.

LE LOUP ET LE RENARD.


Un loup, depuis long-temps éprouvant la misère,
Devenoit valétudinaire.
Mais un jour qu’il se trouva mieux,
Qu’il se sentoit assez joyeux,
Il veut revoir le monde et quitter sa demeure.
Sa première visite est chez un fin renard,
Qui venoit de prendre sur l’heure,
Dans une cour voisine, un gras et beau canard,
Le loup le regarde, le flaire,
Du compère renard admire le métier.
Bientôt il aperçoit, au coin de son terrier,
Tout ce qui peut le ragoûter, lui plaire :
Pigeons naissans, nouveaux dindons,