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Si je n’en savois la raison.
Oh ! ce qui fait rôder autour de ma maison,
Est bien moins l’intérêt que l’on prend à ma vie
Que la peur de ma guérison.



FABLE CXLIV.

L’AVARE ET L’USURIER.


Un harpagon marchandoit une terre ;
Il lui manquoit deux mille francs
Pour compléter sa somme et terminer l’affaire.
Le compère Trigaud son voisin, son confrère,
Lui dit : je puis les prêter pour trois ans.
À vingt pour cent, veux tu la préférence ?
Moi ! lui répond l’avare, en bonne conscience
Je ne te peux donner un si fort intérêt.
À l’honnête homme, au ciel, cette usure déplaît :
En acceptant telle offre on partage l’offense
Et l’on est méprisé, tout le monde vous hait.
Je l’avoûrai pourtant, ce domaine me tente,
Mais il faut rembourser, toujours chose affligeante :
Champs fertiles, bons prés, me causent du regret.
À dix pour cent la somme, alors je puis la prendre…
Encore non… c’est trop… je renonce à ce prêt.
À cela, dit Trigaud, je devois bien m’attendre.
On reconnoît un avare à ce trait ;
Il prendroit bien l’argent, s’il ne falloit le rendre.