Page:Ferrandière - Œuvres, 1816.pdf/179

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(171)

Du scélérat je suis pourtant confrère ;
Il est renard ainsi que moi ;
Mais je me fais enfin scrupule de me taire.
On pourra suspecter ma foi,
Ce ministre est fort vieux et j’aurai son emploi,
J’ai mon brevet de survivance.
Le nouveau Salomon lui dit : Ce que je pense
Conciliera ton honneur et la loi.
Puisque sa vieillesse est extrême,
Tu vas le remplacer et peut-être aujourd’hui ;
Garde en ce cas le silence sur lui,
Et tout scrupule pour toi-même.



FABLE CLX.

LA COLOMBE ET LE RAMIER.


D’une colombe trop constante
Pour des ingrats échappés de son sein,
Jeune ramier railloit l’autre matin :
Laissez, lui disoit-il, cette mine dolente,
Ces longs soupirs, cette voix gémissante.
Si votre époux et vos enfans
Dont vous étiez jadis aimée,
Depuis trois mois vous ont abandonnée,
Si tout cela vous fuit et court les champs,
Faut-il que de regrets vous mouriez consumée ?
Je veux changer votre destin :
Écoutez mes conseils, bannissez le chagrin,
Allez de-çà, de-là, menez joyeuse vie.
Volage et sans liens, je suis toujours heureux ;
Imitez mon exemple enfin, ma chère amie :