Page:Ferrandière - Œuvres, 1816.pdf/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(177)

FABLE CLXV.

LA POULE ET LE CHAT.


On élevoit dans la même cuisine
Et poule et chat, et l’on devine
Qu’à tout moment c’étoit nouveau débat.
Coups de bec enlevoient la fourrure du chat ;
Par coups de griffe aussi, poule étoit maltraitée,
Et plus d’un glorieux combat
Rendit la scène ensanglantée.
Enfin leur vacarme finit :
Un simple événement termina cette guerre.
Heureux qui n’en verroit nulle autre sur la terre !
La belliqueuse poule, un certain jour, pondit :
Mais bien modestement, loin des yeux du vulgaire,
Très-loin de la maison, dans un étroit réduit
Où ne pouvoient entrer ni servante, ni maître,
Ah ! l’œil perçant du méchant et du traître
Découvre tout. Le chat trouve le nid,
Prend son temps, et des œufs fait bientôt son profit.
Il guettoit, écoutoit ce chant, ces cris de joie
Qui décèlent toujours un utile produit,
Et qui de ce fripon fut bien long-temps la proie.
Trouvant son déjeuner si bon,
À poulette craignant de nuire,
Avec elle il change de ton.
Il renfonce sa griffe, il a peur de détruire
Cette œuvre du matin qu’attend son appétit.
Se battre et pondre, oh ! c’étoit trop d’ouvrage.
L’hypocrite jura la paix dans le ménage ;