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Henri cachoit qu’il étoit roi.
Qui n’excuseroit sa foiblesse ?
Elle aimoit de si bonne foi.

Dans le vieux château de son père
Rosamonde seule habitoit.
Tous ses parens faisoient la guerre
Pour ce roi qui les trahissoit.
Pouvoir, grandeur il fait connoître
Pour l’enlever à ce séjour ;
Tout l’éclat qu’elle voit paroître
La fait rougir de son amour.

Celui qu’elle aime et qui l’adore
Ne peut devenir son époux.
Des droits sacrés d’Éléonore
Son cœur est honteux et jaloux,
Devoir, tendresse paternelle,
La font balancer vainement :
Hélas ! son père étoit loin d’elle,
Et près d’elle étoit son amant.

Elle aimoit trop pour se défendre,
Henri fut maître de son sort.
Chez ses parens il fait répandre
Le triste et faux bruit de sa mort.
Je quitte pour toi tout le monde,
Dit elle, ah ! pour prix de ma foi
Que le bonheur de Rosamonde
Ne soit jamais su que de toi !

Dans une retraite agréable
Rosamonde passoit ses jours,
Et la croyant impénétrable,
Ne vivoit que pour les amours.