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ROMANCE.


Air : Elle m’aima, cette belle Aspasie.


L’un de ces jours, mes moutons s’égarèrent
Sur les coteaux avec ceux de Bastien,
Nos deux troupeaux ensemble se mêlèrent ;
Chacun depuis n’a distingué le sien.

Pour regagner le soir notre chaumière,
Bastien et moi cherchions notre chemin :
Ce fut en vain, las ! nous eûmes beau faire,
Aucun des deux ne put trouver le sien.

Peur de tomber, nos bras nous enlaçâmes,
Jusqu’au vallon ce fut notre soutien :
Mais au moment où nous les séparâmes
Chacun eut peine à détacher le sien.

Un beau bouquet que j’avois fait la veille
Avoit séché sur le cœur de Bastien :
J’allai cueillir rose fraîche et vermeille,
Et je troquai mon bouquet pour le sien.

Dans les bosquets, sur deux lits de verdure,
Loin du hameau chacun se trouva bien ;
Mais, au matin, ne sais quelle aventure
Fit que chacun ne reconnut le sien.

En m’éveillant il me prit fantaisie
De demander à quoi rêvoit Bastien :
À bien aimer, dit-il, toute ma vie :
Mon rêve étoit le même que le sien.