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J’aimai mieux la course légère
De nos frais et joyeux pasteurs,
Qui veulent joindre leur bergère,
Que la démarche noble et fière
De tous vos importans seigneurs.
Ici je revis la nature
Dans toute sa simplicité :
Gaîté, franchise, égalité,
De ces beaux lieux sont la parure.
On y danse au son du pipeau,
Ou l’on partage sous l’ormeau
Les dons de la bonne Cybèle.
Les amans y briguent l’honneur,
Non de surprendre quelque belle ;
Mais d’obtenir, par leur ardeur,
Femme aussi tendre que fidèle :
Car du vieux temps de l’âge d’or
Chacun y conserve l’usage
D’appeler l’amour le trésor,
Le vrai trésor du mariage.
Enfin, auprès de ce hameau,
Je revis paître mon troupeau :
Combien mon âme fut ravie !
Ah ! je jurai que de ma vie
Je ne quitterois ce séjour :
Ce serment fait devant la cour
De nos divinités champêtres,
On le grava sur de vieux hêtres ;
Et moi, j’écrivis à mon tour :
Hélas ! n’est-il pas grand dommage
Qu’un ami digne d’être heureux
Habite un pays dangereux,
Et soit si loin de mon village ?