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De sa lyre les doux accords,
Et ses désirs, et ses transports
Ne me sembloient qu’une folie.
Je voulois fixer tous les yeux ;
Sans m’attacher je voulois plaire ;
Orner mon front et mes cheveux,
C’étoit là mon unique affaire ;
Et jusque dans son sanctuaire
J’aurois volé, pour m’embellir,
Les fleurs qu’on venoit de cueillir
Pour parer l’Amour et sa mère.
J’ai rebuté tous les amans,
Doutant de leur délicatesse ;
J’ai dédaigné tous les sermens
Qui m’assuroient de leur tendresse.
Hélas ! tes charmes, tes plaisirs
Auroient enchanté ma jeunesse,
Et ces aimables souvenirs
Berceroient un jour ma vieillesse.
Voudras-tu donc, cruel Amour,
Que sans relâche je regrette
Des momens perdus sans retour ?
De l’amitié pure et parfaite,
Hier, je vantois les douceurs ;
Mais l’image de tes faveurs
Tout à coup me rendit muette.
Que tu peignis adroitement
Toutes les grâces d’un amant
À mon âme déjà troublée !
J’allois sentir en ce moment
Qu’un ami m’auroit consolée :
Je n’en suis plus digne à présent ;
Il verroit que mon cœur soupire,