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L’histoire de simple bergère
N’aura jamais de monumens ;
Mais que la femme et tendre et mère
Toujours l’apprenne à ses enfans.

N B. Le sujet de cette romance est véritable ; en 1809 une jeune fille, après avoir sauré d’une inondation sa mère et deux autres personnes, voulut en sauver d’autres encore ; mais les forces lui manquèrent, et elle fut emportée par le courant.


CONSEIL À UN AMI.


Vous narrez avec grâce, avec précision,
Disoit un savant à Damon,
Votre genre est l’histoire, allons il faut l’écrire.
Élaguant avec soin des faits intéressans
Ce que le bon goût doit proscrire,
Vous aurez du lecteur les applaudissemens,
Enfin vous jouirez du fruit de vos talens.
Vous préférez à tout Melpomène et Thalie,
Leur langage, mon cher, est pure illusion :
Maxime vertueuse, ou piquante saillie
N’arrache point des cœurs la moindre passion,
Et d’ailleurs, de ce feu pétillant du génie,
Vous avez passé la saison.
Il est vrai répliqua Damon :
Il reste à l’âge mur la raison, la mémoire,
Dignes compagnes de Clio :
Mais le sage en lisant les crimes de l’histoire
A trop souvent gémi sur le fameux Trio,
Pour que je lui consacre et mon temps et ma gloire.