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AVIS.


Quel est l’homme de cinquante ans
Qui près de nous voudra passer sa vie ?
Je lui promets non des plaisirs bruyans,
Non des concerts la touchante harmonie,
Non du grand monde la folie,
Non l’élégance des repas,
Je suis peu riche, et fais petite chère ;
Si les friands morceaux ont pour lui des appas,
S’il étoit sensuel, il ne sauroit me plaire :
La tempérance est ma suprême loi ;
De simples mets, un bon potage,
Des végétaux, de gras laitage,
Voilà ce qu’il aura chez moi ;
Point de ce jus divin ou de Chypre ou d’Espagne,
Mais flacon de vin vieux qui souvent m’accompagne,
Et toujours frais et toujours sain,
Sera versé pour lui de ma tremblante main.
À ce mortel enfin nous donnerons la pomme,
Si l’on peut trouver dans un homme
Amour du créateur sans haine du prochain,
Religion sans momerie,
De l’esprit sans prétention,
Politesse sans flatterie,
Lumières sans pédanterie,
Goût des beaux arts, complaisance et bon ton.
Sur Rousseau, Buffon, Labruyère
Ensemble nous méditerons ;
Et, pour nous délasser de nos réflexions