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Ma tendre et sincère Zémire,
Si tu t’exprimois comme moi.
Lorsque la confiance inspire,
On jase du soir au matin.
Étant du sexe féminin,
Il nous faudroit parfois médire.
Nous ririons des pauvres humains,
Foibles, petits, et toujours vains ;
Je t’instruirois de nos usages,
Quelquefois fous, quelquefois sages,
De nos travers, de nos erreurs…
Enfin nous médirions, Zémire :
Ne faisant grâce qu’aux bons cœurs,
Combien de choses à nous dire !…
Mais quand j’y fais réflexion,
Si jamais tu pouvois m’entendre
Et répondre à notre jargon,
Serois-tu toujours aussi tendre ?
Des humains tu prendois le ton.
Devant toi je parle sans feindre,
De mes chagrins, de tous les maux
Que j’éprouve ou que je dois craindre ;
Et je n’oserois plus me plaindre,
De peur de troubler ton repos.
Achève tes jours sans alarmes,
Sans songer que tu dois mourir ;
Tu ne vois rien dans l’avenir,
Le présent t’offre encor des charmes.
Oui, l’on envîroit tes plaisirs
S’il te restoit de ta jeunesse
Quelques aimables souvenirs,
Les seuls trésors de la vieillesse.