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FABLE XXXIII.

LES DEUX VILLAGEOIS.


J’aime le mot d’un simple villageois
Du temps jadis : s’il fut Grec ou Gaulois,
Je ne sais ; son pays ne nous importe guère,
Cet homme chaque jour, sortant de sa chaumière,
Tendoit les bras, levoit les yeux,
Contemploit la beauté des cieux,
Ensuite à Jupiter adressoit sa prière,
Son voisin peu dévot qui le regardoit faire,
Lui dit : À quoi te sert tant d’amour pour les dieux ?
À tout, répliqua-t-il ! Je le sens nécessaire
À mon bonheur, à mes travaux :
J’en goûte mieux les biens ; j’en ressens moins les maux.



FABLE XXXIV.

LE SERIN ET LA VOLIÈRE.


Un beau serin, venu de Canarie,
S’ennuyoit de la compagnie
Des fauvettes et des moineaux,
Du gai pinson, bref de tous les oiseaux
Que son maître, croyant lui plaire,
Rassembloit avec soin dans la même volière.
Sur tout cet étranger faisoit le dédaigneux ;
Les eaux de son pays étoient cent fois plus claires,
Le grain qu’on y mangeoit, étoit plus savoureux,
Les oiseaux y chantoient bien mieux,