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En vérité ! j’ai les larmes aux yeux
De son affreuse calomnie ;
J’en suis désolé, furieux :
Oh ! la dangereuse ennemie !
Je vais vous répéter, et par pure amitié,
Ce qu’elle a dit ; il faut bonne mémoire,
J’en oublîrai peut-être la moitié :
Mais vous saurez toujours assez de cette histoire,
Pour bien juger que c’est l’oiseau
Le plus méchant, le plus noir du bocage.
Vous vous trompez, repartit le moineau ;
Mon bon ami, vous l’êtes davantage.



FABLE LXII.

LE LOUP, LE RENARD, LE TAUREAU ET LE CHEVAL.


Vieux loup et fin renard, marchant de compagnie,
Trouvent au coin d’un bois voisin d’une prairie
Cheval et taureau qui paissoient,
Et comme amis, tous les deux partageoient,
Ou la feuille naissante, ou bien l’herbe fleurie.
Nos voyageurs de ceux-ci s’approchant,
Après le premier compliment,
Voilà l’entretien qui se lie.
Chacun raconte tour-à-tour.
Des forêts, des hameaux la nouvelle du jour
On critique, on médit, ensuite on moralise.
Le loup, en larmoyant, se plaignit de son sort.
Quoi ! dit-il, à mon âge, infirme, en barbe grise,
Il faut chercher ma vie, ou redouter la mort !
Oh ! si les dieux m’avoient fait naître le plus fort,