Page:Ferrandière - Œuvres, 1816.pdf/86

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
(78)

Trop tard de la douceur il comprit l’avantage ;
Enfin des passions misère éteint le feu.
De cette histoire un jour comme il faisoit l’aveu,
Le malheur m’a, dit-il, appris maxime sage :
Qui ne sait pas souffrir un peu,
S’expose à souffrir davantage.



FABLE LXX.

JUPITER ET LES ANIMAUX.


Jupiter, traversant les airs,
Aperçut de loin sur la terre
Quantité d’animaux divers
Qui se livroient une sanglante guerre :
Tous les méchans, dit-il, gardent leur caractère.
Il abaisse son aigle, et près d’eux descendant,
Leur cria d’un ton menaçant :
Cessez votre combat ou redoutez la foudre ;
Oh ! si vous habitez les antiques forêts,
C’est le dernier de mes bienfaits :
J’aurois dû vous réduire en poudre,
Pour vous punir de vos forfaits.
Vous étiez nés jadis sous une forme humaine,
Et votre forme maintenant
Qu’on redoute, qu’on hait, je la donne au méchant ;
De vos crimes elle est la longue et juste peine :
J’ai marqué votre sort au livre des destins.
Vous, lions, léopards, et tigres et panthères,
Vous fûtes rois puissans, injustes, sanguinaires,
Et fîtes le malheur des paisibles humains.
Qu’étoient loups et renards ? courtisans mercenaires,