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Il peut à peine y jeter ses regards :
Il loue, admire, et craint cet astre qui l’éclaire.
Ses vains essais ne peuvent m’offenser.
D’ailleurs, entre les cieux et l’homme téméraire
Est une éternelle barrière
Qu’il ne sauroit jamais passer.



FABLE LXXX.

L’EMPEREUR DU MOGOL ET SON PRÉCEPTEUR.


Seigneur, disoit un fakir, grand docteur,
Au maître du plus riche empire[1],
Accordez-moi le rang que je désire.
De titres et de biens vous voilà possesseur,
Grâce au ciel ! et des soins que j’eus de votre enfance
Je réclame, à vos pieds, la juste récompense.
— Fakir, tu te donnois pour un dévot fervent,
Pour un vrai philosophe, un trésor de lumière
Qui devoit embellir, illustrer ma carrière :
Je sortis de tes mains hypocrite, ignorant ;
Tu m’inspirois adroitement
Le désir des honneurs, l’amour de la puissance.
Si tu m’avois donné cette utile leçon
D’être un vainqueur humain, un fils soumis et bon,
Point de bornes alors à ma reconnoissance.

  1. Aurengzeb, célèbre par sa puissance, qu’il dut à sa fourberie et aux nombreuses et sanglantes victoires qu’il remporta sur toute sa famille : il est le fondateur de l’empire du Mogol. Voyez l’Histoire orientale.