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naît pas moins en passant du point de vue de l’être à celui de la connaissance ; car, comme on l'a vu, l’être idéal, objet de l’intuition, contient la possibilité de toutes les idées. En effet, les idées se manifestent dans sa doctrine par le rapprochement et le rapport qui s’établit, dans le jugement et la perception intellectuelle, entre la sensation et la vérité intelligible ; de sorte que la fonction essentielle de l’intelligence est un reflet de la loi ontologique par laquelle l’idée, ou l’universel, commence l’être fini, et l’activité réelle ou productive l’achève, le rend sensible et le fait paraître dans le système des choses. L’idéalité est immense, infinie, rien n’est étranger à son essence à la fois simple et infiniment déterminable, de sorte que toutes les idées, avec la série sans fin des genres, des espèces et de leurs types parfaits, y sont continuellement contenues, et, avec elles, tous les objets possibles de la science, ainsi que leurs rapports et leurs lois.

Nul doute après cela que Rosmini n’ait sur Galluppi l’avantage d’offrir à l'intelligence humaine un idéal philosophique infiniment supérieur à celui de son devancier.

Mais pour mieux préciser les rapports des deux philosophes et les progrès qui se sont réellement accomplis de l’un à l’autre dans les matières spéciales qu’embrasse leur philosophie, quelques réflexions sont encore nécessaires.

Et d’abord il est incontestable que le point le plus vulnérable de la doctrine de Galluppi est la manière dont il rend compte de la vérité, et surtout de la vérité idéale, qui sert à organiser la science et dont dépendent ses principes suprêmes. Car on a vu qu’elle est pour lui subjective et humaine, faiblement appuyée sur les faits intérieurs et extérieurs, et nullement déduite d’un principe commun et absolu de la nature et de l’esprit. Or Rosmini, en fondant l’idéalisme, a précisément remédié à ce défaut. A-t-il trouvé la meilleure explication possible de la vérité idéale, a-t-il vraiment posé dans son être possible le terme dernier auquel l’intelligence humaine est suspendue par son intuition et auquel elle revient parla réflexion, ou bien devait-il unir notre esprit, considéré comme faculté de connaître, à l’activité de l’absolu et partant à la réalité de l’absolu ? C’est là une question résolue par les discussions auxquelles ses doctrines ont donné lieu et un point sur lequel il a lui-même modifié sa pensée, comme nous l’avons dit. Mais quelle qu’ait été à ce