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Page:Ferri - Essai sur l’histoire de la philosophie en Italie, t. 2, 1869.djvu/339

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sujet l’indécision de Rosmini, il est évident que c’est à lui qu’on doit en Italie une restauration de l’idée et de l’idéal dans la science, et partant un progrès considérable dans la conception de la vérité. Et il n’est pas moins certain qu’un progrès semblable a été accompli par son esprit dans l’analyse des fonctions intellectuelles qui ont pour objet la formation et le développement de la connaissance rationnelle ou des idées. Car, distinguant dans tout universel déterminé (genre ou espèce) la matière et la forme, il a réduit la forme aux caractères d’objectivité, d’unité, de généralité, de nécessité et d’immutabilité, et a considéré comme matière de l’universel toutes ses déterminations concrètes douées d’une signification précise. Après cela il a demandé à l’expérience et reçu, pour ainsi dire, des théories antérieures de la sensibilité toute la matière des universaux, et il a rapporté à une intuition supérieure de l’entendement la forme unique de toute vérité idéale. Ce travail lui a permis de réduire à une seule les formes nombreuses admises par Kant à l’état de principes innés, et de substituer une cause objective et absolue à l’activité subjective et humaine, dont le philosophe de Kœnigsberg et Galluppi faisaient naître la vérité. Ou plutôt, dans sa doctrine, la vérité se manifeste par un concours de l’esprit de l’homme avec l’être absolu.

La réduction des formes ou catégories du jugement à une forme unique a aussi permis à Rosmini de continuer le travail critique de Galluppi sur les jugements synthétiques a priori de Kant, et de les ramener à des propositions analytiques, hormis ceux qui composent les idées au moyen des sensations et de l’être idéal déterminé par elles. Deux questions importantes se présentent ici relativement à la connaissance de la vérité rationnelle et de la réalité extérieure : l’une touche au principe même de l’idéalisme, à son essence et à sa légitimité comme élément nécessaire de la philosophie ; l’autre regarde l’expérience, ses conditions et ses rapports avec la sensibilité et l’entendement. La première consiste à demander si Rosmini a réellement démontré que la forme de l’universel ne puisse provenir de l’élément sensible ; la seconde à chercher si l’expérience s’appuie d’abord sur une perception intellectuelle telle que Rosmini l’entend, c’est-à-dire sur un acte qui rapporte la sensation à la raison des choses, et qui nous procure la connaissance primitive