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sociétés et dans l’histoire de l’humanité, au mouvement de l’esprit et à la force de l’opinion. (Applaudissements répétés.)

L’Œuvre de la Constituante

Il y a deux choses dans l’histoire de la Constituante : une œuvre sociale et une œuvre politique. L’œuvre sociale lui a survécu ; elle suffit à sa gloire, et nous sommes tellement imprégnés, nous sommes tellement identifiés, peut-on dire, avec les bienfaits que nous tenons de nos grands ancêtres ; ils nous ont si bien pénétrés, ils sont devenus à tel point une partie de nous-mêmes ; ils sont si profondément entrés dans notre manière de vivre, de sentir et de penser que, trop souvent, nous sommes tentés d’oublier que bien chère en fut la conquête.

Messieurs, en moins de deux ans, l’Assemblée constituante a donné à la France tous ces biens dont nous jouissons et dont l’habitude nous porte à méconnaître le prix… (Très bien ! très bien ! et applaudissements.) Elle a donné l’égalité des droits, la justice sociale, la propriété, le libre vote de l’impôt, la souveraineté nationale, la sécuralisation de la famille et de l’État. Elle a remplacé le régime des privilèges par un régime de droit et de justice. Elle a réussi dans tout cela, pourquoi ? Parce qu’elle n’était pas, comme on le croit trop aisément, un commencement, mais un dénouement, parce qu’elle continuait un travail commencé depuis plusieurs siècles, parce qu’elle