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III

CARILLON


De ce courroux vulgaire, Aimés, qu’allez-vous dire ?
N’allez-vous pas enfin redresser vos orgueils ?
N’allez-vous pas trouver quelque voix pour maudire
Celle en qui vos beaux jours ont conquis tant de deuils ?

Vite ! N’est-il pas temps que vos sens se réveillent ?
N’avez-vous point assez de boue à vos blasons ?
Sortez de vos lourdeurs ! Les lâches seuls sommeillent
Quand le vice éhonté ferme les horizons. —

Mais un son clair bruit, l’air murmure, l’or tinte ;
Dans l’atmosphère émue on entend circuler,
En précurseurs d’orage, un soupir, une plainte…
Sirène, écoute bien ; le métal va parler.

Et la Sirène, pâle, au cœur sent l’épouvante.
Son talisman parti, partie est sa valeur.
Désarmée, elle attend, faible, à peine vivante…
Peut-être qu’elle est belle encore en sa pâleur ?…

Belle ou non, c’est tout un. Une parole vibre :
— « Sois maudite !… » Ce cri se répète deux fois.
« Tu m’avais fasciné ; ta fureur me fait libre… »
Et l’indignation tremble dans cette voix.