Page:Fertiault - Le Carillon du collier, 1867.djvu/13

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Un austère coup d’œil, hors de ses habitudes,
La transporte, craintive, au seuil de l’âge mûr
Et, devant la vieillesse et ses décrépitudes,
Le cœur lui manque… un cri… sa main s’appuie au mur :

— « Je suis vieille !… » dit-elle. Et la toute-puissante
Comme un marbre blêmit… « Si j’étais jeune encor,
Je ne traînerais point ma honte avilissante…
Un amour me résiste, et mon sourire est mort !

Oh ! je suis morte aussi !… du moins, bien près de l’être.
Aux hasards d’ici-bas je perds tout mon enjeu.
C’est la fin ; car je souffre un mal… sans le connaître…
Il pleut sur moi des dards et des gouttes de feu.

Implacable, une étreinte à la gorge me brûle.
On dirait qu’un bandit, ivre d’un mauvais coup
Et dont la main féroce en jouant se stimule,
Avec un fer rougi me fait le tour du cou.

Des souffles de simoun crispent mon épiderme.
Un soc incandescent y creuse des sillons…
Est-ce un embrasement qui n’aura point de terme ?
Arrachez mon Collier !… ce sont mes médaillons…

Ce sont mes médaillons qui forgent ces tortures.
Tisons trouant ma chair, vais-je vous supplier ?
Oh ! non… Arrière donc, noblesses ou rotures !…
Va-t-en aux quatre coins du boudoir, vil Collier !!!… »

Et, saisissant le cercle aux glorieux camées,
D’une main furieuse elle en fait des lambeaux.
Elle en pousse du pied les parcelles semées…
Jetés là !… vous, jadis si choyés et si beaux !!!…