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IV

APOSTROPHE


La Sirène, à ces mots, sous les affres tressaille ;
Cet anathème en chœur la foudroie… Elle a peur.
Mais voilà : des Aimés le groupe entier l’assaille…
Comme ils vont remuer la Belle en sa torpeur !

Un bruit de voix trahit le hourra qu’on médite,
Bruit confus, puis moins vague, et qui va grandissant :
— « Maudite ! » a clamé l’un ; tous reprennent : — « Maudite ! »
Et d’invisibles coups la frappent jusqu’au sang.

Le premier Médaillon quitte son angle sombre.
D’un bond rapide il saute au cou qui l’a souillé.
Le second suit ; un autre accroît vite le nombre ;…
Ils reconstruisent, là, le bijou dépouillé.

Prompts, acharnés, vengeurs, ils pleuvent avec rage.
De leurs disques cuisants ils pénètrent la peau :
— « Reçois, » rugissent-ils, « le prix de ton ouvrage !
À toi, qui fis de nous un ignoble drapeau !

À toi, l’auteur furtif de honteuses manœuvres !
À toi qui, nous dressant tes sourires menteurs,
De tes seins, de tes bras fis un nid de couleuvres
Où plongèrent, meurtris, tes sots adorateurs !