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LE CARILLON DU COLLIER


À toi qui, te hissant sur tes ignominies,
Comme un phare du mal brillas pour éblouir !
À toi, qui nous creusas des tombes infinies
Quand tu nous appelais pour aimer et jouir !!… »

Et, de leurs débris tors improvisant des serres,
Ils saisissent la gorge et l’étreignent, pressants
Comme des victimes qu’obsèdent leurs misères ;
Ils donnent à leurs chocs d’indicibles accents.

Dans le col on dirait qu’ils enfoncent la lame,
Tant chacun trouve là l’intense volupté :
— « Enfin, nous te tenons ! Ah ! maudite ! rends l’âme !
Meurs ! » lui hurlent-ils ; « meurs ! tu l’as bien mérité !…

Meurs, ô toi qui détruis la jeunesse fleurie !
Meurs, toi qui fais sombrer le calme et le bonheur !!
Meurs, ô goule par qui la pensée est tarie !!!
Meurs, ô toi dont l’haleine empoisonne l’honneur !!!!

Les tiennes, il est temps que l’on frappe sur elles,
Ces folles de leur corps, infernales beautés
Qui s’abattent sur nous, comme les sauterelles
S’abattent sur les champs jusqu’au sol dévastés.

Oui, vous toutes, il faut que vous ayez justice :
Meurent-elles ! Et toi, turpide, meurs aussi !
Que jusqu’à votre nom, monstres, s’anéantisse !
Puissiez-vous ne laisser que poudre et cendre ici !…

Puisses-tu, mercenaire amoureuse, cœur traître,
Comme une tache part d’un vêtement frotté,
Puisses-tu de ce monde à tel point disparaître
Que l’on ne sache plus si tu l’as habité !!… »