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PRÉFACE
DE LA SECONDE ÉDITION


Les jugements aussi dépourvus de bon sens que de bonne foi qui ont été portés sur cet écrit depuis son apparition ne m’ont point du tout étonné, car je n’en attendais pas d’autres ; et franchement je n’en pouvais point attendre d’autres. J’ai mis en effet contre moi Dieu et le monde. J’ai eu « l’insolence impie » de déclarer dès le premier mot que le christianisme, lui aussi, avait eu son époque classique, que le classique seul, c’est-à-dire le grand et le vrai, méritait d’être l’objet de la pensée, et que le mesquin et le faux devaient être abandonnés à la comédie et à la satire. J’ai déclaré par conséquent que, pour trouver dans le christianisme un digne objet d’étude, j’avais été obligé de faire abstraction du christianisme moderne, dissolu, confortable, épicurien, coquet et sans caractère, et de me reporter dans ces temps où la fiancée du Christ, vierge encore, chaste et pure, n’avait pas mêlé à la couronne d’épines de son fiancé céleste les roses et les myrtes de la Vénus païenne, dans ces temps où, pauvre en vérité des trésors de la terre, elle était riche et